Histoire

Cormelles le Royal, par privilège du roi

En 1347, par lettres patentes, les habitants de Cormelles  » village situé sur les hauteurs de Caen » obtiennent des privilèges de la part de Phi­lippe de Valois dit le Hardi : ils sont exemptés d’impôts, d’aides ou de service militaire en échange de l’obligation de garder la Porte Millet située à l’entrée sud de Caen.
Ce privilège est constaté par une enquête réa­lisée en 1353 par Regnault Machard, grand bailli de Caen, d’où l’épithète« le Royal ».
En 1532, lors du voyage de François 1er en Normandie, toutes les corporations de la ville de Caen se portent au devant du Roi jusqu’aux plaines de Cormelles.
La tradition locale affirme que François 1er se serait reposé dans une maison de notre com­mune pour attendre le cortège.
L’épithète « le Royal » est supprimé à la révolu­tion. En 1789, les sujets de Cormelles le Royal deviennent subitement les citoyens de Cor­melles le Libre puis de Cormelles.
Un décret du 29 août 1969 paru au journal of­ficiel le 4 septembre 1969 donne à Cormelles le nom de Cormelles le Royal qui redore son blason, sans que toutefois, comme dans le passé, les habitants retrouvent les privilèges acquis (dommage !).
Dans la seconde moitié du 18ème siècle, sous l’impulsion de Monsieur Fontette, intendant de Caen, la plaine de Cormelles le Royal est défrichée et mise en valeur afin de faire face aux besoins alimentaires dus à une démogra­phie en pleine expansion.
Une partie de la plaine de Cormelles sert alors de terrain de manœuvres à l’Académie d’Équi­tation de Caen, destinée à l’éducation de la jeune noblesse française et étrangère. Cette académie prospère surtout sous la direction du Sieur Robichon de la Guérinière de 1728 à 1763. Celui-ci a bâti de forts beaux manèges : c’est grâce à la protection qu’il accorde aux sciences et aux arts que le Sieur de la Guéri­nière, écuyer du Roi, a obtenu l’inféodation de ce terrain à son académie.


Edouard CORTÈS, peintre

Le peintre Edouard Cortès et sa femme sont venus vivre à Cormelles le Royal, commune agricole et hippique, dans le contexte troublé de la seconde guerre mondiale. Peintre pay­sager internationalement reconnu dès les années 1930 pour ses tableaux de Paris, il s’adonne à la reproduction des lieux cormel­lois et plus largement de la région durant les quinze années qu’il passe dans la Commune. Très proche des Cormellois et Cormelloises, il n’hésite pas à aider ses hôtes et à participer à la vie quotidienne. Réputé pour sa modestie et son humour, il noue avec les habitants de Cor­melles le Royal des liens étroits qui resteront très forts après son départ.
Même durant ces années difficiles, il poursuit son activité de peintre et s’inscrit dans les réseaux artistiques caennais. Il participe ainsi aux expositions réalisées à Caen et ses alen­tours, sans pour autant s’éloigner du monde de l’art parisien et de ses cercles d’amis. Ses toiles sont remarquées à plusieurs reprises par les jurys caennais et le public qui admirent la luminosité qui se dégage de ses œuvres. La Commune de Cormelles le Royal a édité un ouvrage relatant la vie à Cormelles le Royal au temps d’Edouard Cortès.
L’ouvrage peut être acheté à la médiathèque pour 10 €.


Cormelles le Royal, dans la tourmente

Il y a 69 ans, la côte normande était le théâtre de la plus gigantesque opération amphibie de tous les temps, première étape de la libéra­tion de l’Europe sous le joug nazi.
La progression des troupes alliées depuis les plages du débarquement est lente et difficile, chaque avancée ne pouvant se faire qu’au prix de rudes combats rapprochés. La ville de Caen est libérée plus d’un mois après le débar­quement. Le 18 juillet, les troupes anglo-cana­diennes franchissent l’Orne et libèrent une à une les communes situées au sud de Caen.

Le 19 juillet 1944, les hommes du Canadian Scottish entrent dans Cormelles le Royal. Une des premières patrouilles est dissimulée par un habitant durant la fouille de sa maison par les Allemands. Une bonne partie des Cor­mellois évacue la Commune, sous la conduite du Maire de l’époque. Ce qui ne les met mal­heureusement pas totalement à l’abri des combats puisqu’ils subissent par la suite une attaque de l’aviation alliée. Et bien que le front semble s’éloigner, Cormelles le Royal vit en­core de tragiques heures comme le bombar­dement de la Guérinière lors de la préparation aérienne de « l’opération Totalize ». Enfin, le grondement des canons cesse définitivement.
La petite commune rurale qu’était Cormelles le Royal à l’époque ne doit pas oublier ces hommes venus du monde entier pour défendre sa liberté.


La libération de Cormelles

A l’aube du 6 juin 1944, après la traversée de la Manche depuis l’Angleterre où ils s’étaient longuement préparés, les soldats alliés débarquent sur les plages normandes avec pour objectif de repousser l’ennemi. Les canons se mettent alors à gronder sur notre région entrainant la mort de milliers d’hommes dans les rangs des bataillons de militaires et parmi les civils apeurés.
Situé à une vingtaine de kilomètres seulement des plages du Débarquement, Cormelles et ses habitants doivent encore attendre jusqu’au 19 juillet que les troupes canadiennes fassent leur entrée dans le village pour oser entrevoir une libération. Chaque année à cette date, les Cormellois se rassemblent au Monument aux Morts pour rendre hommage à tous les hommes qui ont offert leur vie pour que la Paix et la Liberté retrouvent leur sens.
1940-1944 : Cormelles a vécu l’occupation allemande comme beaucoup de villages de France. Dans les champs, les femmes et les anciens remplaçaient les absents : prisonniers ou déportés du Service du Travail Obligatoire (STO).
En juin 1940, la Pyrotechnie, l’actuelle zone industrielle, fut transformée en camp de prisonniers, 1 500 personnes y étaient regroupées tous les soirs après le travail. En 1941, elles furent déportées en Allemagne et la Pyrotechnie devint un cantonnement allemand. L’actuelle maison principale du Parc abritait également un PC allemand.
JUIN 1944 – Durant le mois de juin 1944, le bruit du canon se rapprochait lentement, au fil de la pénible progression des Alliés. Le 12 juillet, la majeure partie de la population était évacuée sous la direction du maire de l’époque, Monsieur Charles OBLIN. Les 150 personnes ainsi regroupées entonnèrent la Marseille en passant devant les troupes allemandes puis partirent en direction de Paris où, quelques kilomètres plus loin, elles étaient mitraillées par des avions américains qui  firent 5 morts et 10 blessés graves. La colonne arriva finalement à Bazauge (Mayenne) et ne devait revenir à Cormelles qu’à la fin du mois de septembre.
L’OPERATION « GOODWOOD » LIBÈRE CORMELLES LE ROYAL
L’opération Goodwood (Bon bois) destinée à permettre aux troupes alliées de franchir l’Orne fut décidée le 10 juillet par MONTGOMERY. Les défenses allemandes étaient plus solides que ne le croyaient les alliés. ROMMEL les avait organisées en cinq lignes distinctes, s’étendant en profondeur sur plus de 15 kms au sud de Caen. Elles comprenaient plusieurs unités blindées, des fortifications d’infanterie et de nombreuses batteries anti-chars (les redoutables 88 mm), disposées en arrière sur les crêtes. C’est d’ailleurs en revenant d’une tournée d’inspection de ces défenses que ROMMEL connut l’accident de circulation qui devait l’écarter définitivement du commandement sur le front français. L’attaque alliée à l’est ne commença que le 18. Le 19, le deuxième corps canadien commandé par le lieutenant colonel F.N. CABELDU fit son entrée dans Cormelles. Une des premières patrouilles canadiennes fut cachée dans une cave de la propriété de Mme BOURAULT au numéro 17 de la rue de l’Eglise qui resta debout sur la trappe pendant que les SS fouilleront sa maison. Cormelles connaîtra surtout des duels d’artillerie qui y provoqueront d’énormes dégâts matériels, disperseront ou tueront le bétail et entre autres tous les chevaux de la ferme WISKIRCHEN, 40 rue de l’Eglise. Dans l’après-midi arrive le Royal Winnipeg Rifles qui se retranche vers la Pyrotechnie et le « Highland Light Infantery of Canada ». Le 20 juillet, Ifs et Bourguebus sont libérés, la crête de Bourguebus est bombardée par les batteries installées à Cormelles par les batteries installées à Cormelles par les Anglo-Canadiens. Cormelles sera également traversée par les GI et le régiment de La Chaudière qui attaquent sur Bras et Hubert-Folie. Le QG de la 2ème brigade blindée s’installera dans la maison principale du Parc. L’offensive est arrêtée le 20 juillet, en raison des pertes énormes subies par les blindés alliés : 493 chars hors de combat, soit près d’un tiers des forces totales engagées.
L’opération Goodwood n’aura été qu’un succès très relatif et les gains en terrain faibles, le dispositif de défense aura été pénétré partiellement mais pas démantelé. Par la suite, les opérations Spring, Totalize et Tractable permettront la progression des Alliés vers le Sud et aboutiront à la fermeture de la Charnière de Falaise et à la déroute allemande.
Les Cormellois ne revinrent que fin septembre et retrouvèrent le village détruit à 60 %, le bétail disparu, la terre retournée et semée d’engins de mort. Le déminage et la reconstruction devaient prendre de longues années, mais n’ont pas empêché les Cormellois de connaître, par la suite, l’essor qui lui a donné son visage actuel. Toutes ces plaies furent, certes, longues à panser, sans oublier les disparus que l’on déplorait dans plusieurs familles : cette guerre a fit 24 victimes civiles et militaires cormelloises, mais c’était le prix de la liberté, liberté que nous devons tous à ces soldats venus d’Outre Manche ou d’Outre Atlantique pour se battre et parfois mourir sur notre sol.
Ne jamais l’oublier est sans doute la meilleure manière de les remercier.